En fin de semaine, je suis allé me perdre dans le bois, en randonnée. Seulement dans les deux premiers kilomètres et en moins de 1 h 30 j’ai entendu le mot Facebook 10 fois (après j’ai arrêté de compter) et je me suis mise à rire quand j’ai entendu : «Moi je suis contre ça Facebook!»
Quand j’entends quelqu’un proclamer haut et fort sa non-adhésion à Facebook, ça me fait toujours rire (encore plus quand c’est un animateur de radio ou de télévision)!
De mon point de vue, on peut être contre la guerre ou contre la bombe nucléaire, contre la traite des blanches ou contre le déversement de produits chimiques dans la nature, mais contre Facebook?
Je comprends qu’on peut ne pas vouloir intégrer ce divertissement et/ou cette source d’information dans sa vie, on peut être inquiet de la sécurité et de l’identité virtuelle, on peut avoir peur de perdre son temps, on peut être réticent (et si on aimait vraiment ça?), mais être anti-Facebook?
Dans ce temps-là, je me reporte il y a 100 ans, quand la laveuse à linge, la télévision ou le cinéma sont apparus et je me demande toujours s’il y avait à l’époque des gens qui se proclamaient anti-télévision ou anti-laveuse. Bien sûr! La télévision, ça mettait le trouble dans les soirées dansantes, ça pénétrait les soupers de famille, ça isolait les gens dans leur petit monde, rivés à un écran et non à un être humain.
Il y avait assurément des anti-télévision à la pelle, mais Guess what? La télévision est toujours dans nos maisons et comble du progrès…elle nous suit maintenant partout! Elle régit la vie de millions d’êtres humains avec ses horaires définis (bon de moins en moins, mais quand même), ça fait de la chicane (les deux enfants veulent écouter des postes différents sur le même écran parce que c’est le plus gros) et l’humanité ne se pose plus la question s’il faut être pour ou contre la télévision.
Je suis née au début des années 70. L’air de rien, j’ai vu pas mal de choses apparaître depuis ma naissance. Des inventions assez géniales, aujourd’hui rendues anodines par notre utilisation automatique au quotidien. De fait, mon père était un Early Adopter. Il voulait tout voir, tout connaître et pas dans 10ans, maintenant.
Le premier progrès amené dans ma maison a été la télécommande. Cool, je peux écouter Candy sans bouger mes fesses! Bon, je dois m’asseoir à la limite du fil, mais c’est un début quand même!
Puis un gros cube a été déposé sur le comptoir de la cuisine. On pouvait y réchauffer toutes sortes de choses (mais pas des œufs dans la coquille ou des trucs avec du papier d’aluminium). Pratique quand tes parents travaillent sur les chiffres, impossible d’être anti-micro-onde dans ma famille!
Pour ma fête de 8 ans, mon père avait échangé un magnifique appareil photo Pentax pour un vidéo Beta ET une caméra. Il s’est défait le dos à filmer ma fête mais je ne vous dis pas le feeling de me voir à la télévision.
Quand j’ai eu 12 ans, nous avons ramené de notre voyage en Floride, caché dans le coffre de l’auto, un micro-ordinateur. Je vous jure, vraiment micro, avec des livres qui avaient des suites de chiffres dedans. On pouvait reproduire exactement le jeu de tennis que j’avais sur ma console Coleco. Aucun intérêt, j’avais déjà une console Coleco ET un jeu de tennis, j’étais championne du jeu de Galaxie et à l’époque on n’avait pas de «Conséquences de Coleco» ou de «Période Jeux vidéos» parce qu’on avait trop de fun à jouer dehors. L’ordinateur, auquel on n’a jamais finalement trouvé d’utilité ET le Coleco ont fini empoussiérés dans mon garde-robe, ce qui n’a pas empêché les ordinateurs personnels et les consoles de jeux de connaître un essor fulgurant.
Je suis passée des vinyles 33 tours aux 45 tours (ou était-ce l’inverse?), aux cassettes «FastDubbées (je les ai encore!), au CD pour finir avec un iPod plein à craquer.
J’ai maintenant dans la maison 1 écran plat avec 5 télécommandes SANS fil (ça, c’est le bout que je ne comprends pas encore, mais mes enfants n’y voit AUCUN problème), 5 ordinateurs portables, des URL au nom de tous les membres de la famille , mes enfants me demandent comment marche Twitter, ils connaissent le mot de passe pour entrer sur le portable de leur père (ah oui?), enregistrent leur émission seuls avec le «gugus» de Cogeco et vont voir tous les sites dont on donne les adresses à la télévision.. et j’en passe, je ne voudrais pas partir un concours.
Quand je pense à tout ce que j’ai vu apparaître et disparaître depuis les 30 dernières années et que j’entends des gens dire : moi je suis anti-Facebook, ça me fait VRAIMENT rire, parce qu’au final Guess what? Le principe n’est pas prêt de disparaître et les anti-Facebook seront happés (avec des années de retards bien sûr!) par les nouvelles pratiques qui se transformeront, tôt ou tard, en actions de notre quotidien.
C’est une nouvelle manière de communiquer que nous sommes en train d’apprendre et, chacun à notre façon, nous contribuons à l’inventer. L’échange d’information, la facilité à créer un réseau, à se présenter à des inconnus intéressés par nos services, le transfert de la mémoire d’entreprise, le pond qui se crée entre les générations sont d’infimes notions qui sont en pleine (re)définition avec l’apparition de tous ces nouveaux moyens de collaborer, d’échanger, de s’informer. Facebook (ou Google, ou Twitter ou Name it, c’est selon!), c’est la pointe de l’iceberg. Le principe est à nos portes, dans nos maisons avec nos enfants, dans nos entreprises avec nos collègues et nos employés.
Facebook ne remplacera jamais totalement un contact humain (quoique, c’est un substitue de taille!) mais pour moi, être contre Facebook, c’est comme refuser d’apprendre une nouvelle langue parce que, supposément, on est trop vieux, refuser d’aller en voyage parce que, supposément, c’est trop loin ou refuser d’avoir un cellulaire parce que, supposément, ça donne le cancer.
On n’arrête pas le progrès! On embarque dans la parade ou on la regarde passer, et ça, vous avez raison, c’est personnel à chacun!
De toute façon, ça prendra toujours un public pour les regarder les parades (et les critiquer), sinon, il n’y aurait aucun intérêt à parader!
T’as raison pour Facebook. Je vais avoir 40 ans dans 4 jours, et pour cadeau, mon chéri m’a acheté un IPhone4. Ça faisait 6 ans que je n’avais plus de cellulaire… Ben oui je sais que Facebook est là pour rester, et que je devrai y aller un jour ou l’autre. Or, je vais d’abord apprendre le mozus de fonctionnement de mon téléphone intelligent avant (je pars de loin!). À mon âge de matante, on apprend pas mal moins vite…
P.S.: Dès que j’ouvre un compte Facebook, sois sûre que je te demande d’être mon amie!